Comment je n’ai pas pris rendez-vous chez l’ophtalmo

(Marche aussi avec le gyneco/le dermato/etc.)

Le mois dernier j’ai voulu faire un truc un peu dingue : j’ai essayé de prendre rendez-vous chez l’ophtalmo.

J’avais pas compris que c’était une occupation à temps plein. J’ai donc échoué (je n’avais pas pris mes dispositions par rapport à mon job et à mes obligations familiales).

Étape 1 (J 0)

Je décide qu’il serait utile d’emmener mes enfants chez un ophtalmo pour contrôler leur vue, en tant que descendants de gros miro (enfin surtout leur père, tandis que j’ai juste une charmante et légère myopie). Et voir si ça a un lien avec les migraines de l’enfant migraineux, va savoir.

Étape 2 (J 9)

N’écoutant que mon courage, je mets prestement mon projet à exécution.

Je me munis du numéro de téléphone de l’ophtalmo, d’un téléphone et d’un agenda, en me disant « ça fera l’affaire, Gisèle » (j’aime bien me parler pour m’encourager).

Malheureusement c’est l’heure de la pause déjeuner, personne ne répond au téléphone.

Je me réconforte : « C’est pas grave Gisèle, tu rappelleras demain ».

Étape 3 (J 12)

Après avoir complètement oublié ce projet de contrôle ophtalmo pendant 3 jours, je me ressaisis et tente un nouvel appel.

Toutes les conditions semblent favorables :

  • je suis pas pas en réunion ni en bouclage,
  • je choisis un horaire approprié,
  • je n’ai pas la gueule de bois,
  • mon téléphone n’est pas cassé ni déchargé.

Je tombe sur une boîte vocale qui me dit en bref : vous pouvez parler à un être humain entre 16 et 18h ou tenter votre chance sur doctolib.

Ne voulant pas perdre mon élan, je décide de jouer à doctolib.

Hélas. « Aucun créneau disponible pour ce praticien. »

« Ok, me dis-je, gardons la tête froide, il suffit de rappeler à 16h. »

17h30. Je me souviens que j’ai oublié de rappeler l’ophtalmo mais c’est l’heure d’aller chercher les enfants et le trajet en RER B est incompatible avec une conversion téléphonique. Je rappellerai demain.

Étape 4 (J 19)

Devant mon oubli chronique de joindre l’être humain qui donne des rendez-vous chez l’ophtalmo, je mobilise mon intelligence et décide de mettre une alarme sur mon téléphone pour y penser le lendemain.

Étape 5 (J 21)

Tout se déroule comme sur des roulettes : l’alarme sonne, les astres sont favorables (pas de réunion, de gueule de bois, etc.), je parviens à parler à quelqu’un.

De joie, je mets mon t-shirt sur ma tête et hurle en courant dans mon bureau. Les collègues appellent sos psychiatrie et ferment leur porte à clé. (Non c’est faux, je sais hurler de joie intérieurement comme un adulte mature et équilibré.)

Hélas.

La personne au bout du fil me dit que, madame (madame Gisèle, s’il-te-plaît), il n’y a plus de créneaux disponibles pour l’instant et elle n’a pas encore le nouveau planning, il faut donc aller sur doctolib. Je l’informe qu’il n’y a pas non plus de créneau libre sur doctolib (faut tout faire soi-même ou quoi ?). Elle me répond que c’est possible mais que dans 2 jours il y aura de nouveaux horaires débloqués, je ferais mieux d’aller voir. Je dis ok, tope-là, faisons ça. Prévenante, elle me dit : allez voir tôt le matin si vous voulez pouvoir choisir. Je dis d’accord, ça roule ma poule.

Étape 6 (J 23)

À peine arrivée au bureau, je prends un café et je zappe totalement d’aller prendre le meilleur horaire sur doctolib.

Quelques instants avant la pause déjeuner, ça me revient. Illico je vais sur doctolib et là, que vois-je ? Il ne reste plus que des créneaux tout pourris. Juste pour le nouveau jour. Il semblerait que les créneaux se débloquent jour par jour. Comme c’est pratique.

Je décide de rappeler le secrétariat pour leur expliquer que, sans remettre en question ce fonctionnement absurde, j’ai besoin de pouvoir prendre rendez-vous en dehors des horaires d’école car ce banal contrôle de la vision de mes enfants ne me semble pas justifier qu’elles ratent les cours une journée (sans compter que je devrais niquer un jour de congés, fallait pas faire des gosses ah ah ah).

Je passe les détails (alarme, etc.).

Du premier coup, je parle à la secrétaire – comme quoi l’expérience est utile, quel que soit le domaine. Elle m’explique que la solution est simple : je n’ai qu’à mettre mon réveil à sonner le mardi à minuit comme ça je serai bien placée pour bloquer les meilleurs créneaux du mercredi sur doctolib et ainsi mes enfants ne rateront pas l’école.

La, je me suis dit, Gisèle c’en est trop, j’abandonne.

Il y a des limites à la motivation pour faire un contrôle de la vue. (Je vais suggérer que le père des enfants s’en occupe.)

Mister Magoo
Je te vois, Gisèle !